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Notre Histoire Syndicale

Le syndicat CGT Ouvrier de l’État s’est constitué en 1936… Quelques éléments

Voir aussi :

Combats syndicaux à l’IGN – Chronologie CGT

Discours du 70ème anniversaire du syndicat CGT Ouvrier/ Maîtrise de l’IGN
le mercredi 17 janvier 2007

Discours prononcé par Jean-Marie Couppey, secrétaire général. en salle Robert Génot en présence de Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, et de Jean-Louis Naudet, secrétaire général de la FNTE-CGT.

Chers Camarades, Chers Amis, Chers Collègues

Les statuts de notre syndicat disent qu’il est né le 12novembre 1936 dans la Salle du Musée social au 5, rue Las Cases, Paris 7ème.  Voici donc 70 ans. Cela représente plusieurs générations d’ouvriers de l’IGN, plusieurs décennies de combats syndicaux dans des conditions économiques, sociales et politiques très contrastées, très variées. Mais cela fait un seul et même combat sur la base de valeurs syndicales fondamentales, celles de la CGT, synthétisées dans la devise historique de notre confédération :

Bien-être et Liberté !

Le bien-être représente la lutte pour de meilleurs salaires, pour de meilleures conditions de travail, pour de meilleurs déroulements de carrière, pour de meilleures retraites. Aujourd’hui, le bien-être c’est d’abord la lutte contre la précarité.

« La vie, la santé, l’amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? »

Déclare Laurence Parisot, présidente du MEDEF. Lorsque cette dame patronnesse dit cela sur un air anodin, elle veut nous faire croire que la précarité, le chômage, la misère avec leur cortège de drames humains sont des choses toutes naturelles dans la vie d’une personne.

Non, Madame Parisot !!!

Tout le monde a le droit à une vie digne et libre ; à commencer par le plus grand nombre, c’est-à-dire celles et ceux, qui font tourner l’économie, qui font marcher les entreprises : les salariés.

Le fondement du syndicalisme est là : c’est la défense et l’amélioration des conditions de vie et de travail de ceux sans lesquels aucun bien, aucune richesse ne serait produit !

La liberté, c’est le fait d’être libre parce que chaque être humain reçoit, pour son travail, de quoi vivre pleinement et dignement.
La liberté, c’est d’abord le choix pour les salariés de s’organiser et d’agir pour l’amélioration de leurs vies, de leurs conditions de travail.

Aujourd’hui, cette liberté est menacée par la destruction des droits sociaux, en France comme ailleurs dans le monde. Lorsque l’on met en concurrence de façon effrénée des salariés dans la recherche d’un profit toujours plus à court terme, il y a bel et bien un danger pour la liberté des travailleurs. Car les droits collectifs pour se défendre et agir deviennent des obstacles pour les patrons, non seulement dans des pays lointains mais aussi ici, chez nous.

La répression patronale faite, depuis des années dans de nombreuses entreprises et de trop nombreux secteurs économiques, a engendré des déserts syndicaux. Après cela, certains viennent nous dire, la bouche en cœur (je cite) « il y a un déficit de dialogue social ».

Et bien, chers amis, chers collègues, chers camarades, il faut bien que nous évaluions ce qui a été fait en sept décennies de travail syndical à l’échelon de notre établissement car, à défaut de mal, ou sous évaluer ce que nous avons accompli, nos anciens et nos générations actuelles, nous risquons de ne pas savoir garder ce qui a été obtenu.

Mais pour cela commençons par le début …
Notre Histoire

La Création de notre syndicat

C’est donc le 12 novembre 1936. C’était un jeudi, un groupe d’ouvriers de ce qui était alors le Service Géographique des Armées a fondé le Syndicat des Personnels Civils du SGA, affilié à la Fédération Nationale des Travailleurs de l’Etat CGT.

Nous ne savons pas ce qui s’est passé en mai-juin 1936 au SGA, lors de la grande vague de grèves qui arracha les 40H et les congés payés. Mais en rédigeant ce discours commémoratif, il nous est venu le goût de savoir ce qui s’était passé. Et cette recherche sur notre passé syndical sera un des axes de nos activités futures.

D’après notre camarade Robert Chalumeau, le noyau fondateur du syndicat était composé d’imprimeurs géographes, dont le statut était à cheval entre celui de fonctionnaires et celui des ouvriers d’Etat. On rappellera au passage que la principale caractéristique statutaire des ouvriers d’alors était la loi de 1928 sur le Fonds Spécial des Pensions des Ouvriers des Etablissements Industriels de l’Etat.

On se souviendra aussi qu’alors le SGA était un établissement militaire et que le droit syndical dans la Fonction publique était à conquérir,  tout comme la notion de statut d’agent de la Fonction publique. Le Statut Général de la Fonction Publique n’apparaîtra qu’en 1945, avec le ministre Maurice Thorez.

Dans la nuit de l’Armistice de juin 1940, le général Hurault fit signer le dernier décret de la Troisième République qui transforma le SGA en un Institut Géographique National de statut civil, rattaché au ministère des Travaux publics, afin de soustraire l’établissement, ses matériels,  et ses personnels, aux clauses que la convention d’armistice imposait sur les établissements militaires, en les livrant aux forces ennemies.

De cette période sombre, on retiendra principalement l’engagement de nombreux syndicalistes cégétistes de l’IGN dans la Résistance. Cette résistance prenait une forme très pratique au quotidien avec la confection de faux papiers, bons alimentaires…… grâce au matériel d’impression du service des reproductions et tirages, ancêtre du S P I …….

A la Libération, le maintien d’un IGN civil fut entériné.


Notre syndicat devient  alors: le Syndicat Ouvriers Maîtrise de l’IGN. Les personnels militaires d’hier deviennent des fonctionnaires civils, techniques ou administratifs, d’où le nom du syndicat CGT PTA créé en 1955 pour ces nouveaux fonctionnaires. 1955, c’est aussi la fondation de l’Entraide sociale sous l’impulsion des syndicats CGT.

Avec l’après-guerre, c’est une période d’intenses activités économiques, avec d’abord l’effort de reconstruction du pays après les malheurs de la guerre, c’est ensuite l’expansion des années 50 et 60.

Avec l’arrêté du 9 juin 1948 complété par celui de juin 1956, on commence à avoir un vrai statut des « ouvriers professionnels ou spécialisés de l’IGN », nous sortant de la précarité de l’article 90 du décret 1536 du 8 avril 1941 qui stipulait : « le personnel est embauché et licencié selon les besoins ».

De cette période, nous évoquerons les noms de René Senez et de Pedro Martinez, qui comptent parmi les principaux secrétaires généraux du syndicat. Ils étaient assistés de camarades, dont les noms sont ancrés dans l’histoire syndicale de l’IGN : André Gérard, Roger Chaillé, André Guichaoua.

A cette époque, les ouvriers sont d’abord des ouvriers en bleu, au SRT, la 2ème direction, et à la Logistique, la 5ème direction. Sous l’impulsion de la tradition syndicale des ouvriers du Livre CGT, il y a l’acquis de la convention collective du Livre, puis durant les années 50, la lutte pour passer au bordereau salarial de la métallurgie, dans le cadre de l’application des décrets salariaux de 1951, complétés ultérieurement par ceux de 1967.

Durant les années 55/60, les jeunes générations incarnées par Robert Chalumeau, Fernand Juvet, Gérard Schenker, Roger Thoury, – après le traumatisme du service ou du rappel en Algérie – s’engagent de façon décidée dans la construction d’un syndicalisme de masse, visant à étendre à tous les ouvriers de l’IGN les acquis de la convention du Livre appliquée à l’imprimerie.

Ces décrets sont le cadre de notre bordereau salarial actuel, nous garantissant des augmentations de salaires trimestrielles, sur la base des évolutions salariales constatées,  après enquête dans la métallurgie parisienne.

A cette période, nos camarades de la fédération des travailleurs de l’état nous apportaient tout leur soutien, je rappellerai entre autres les noms de Michel Warscholack, Charles Perret, Georges Nicolas, Henry Berry.


A l’union départementale du Val de Marne se furent aussi Bernard Jourdhui, Roland Foucard, dont nous saluons la présence de son épouse Denise présidente de l’Institut de l’Histoire Sociale du département,  qui nous fait l’immense plaisir d’être là, merci Denise…ces camarades nous apportèrent appui et savoir-faire.

Il faudra attendre 1968 pour voir la naissance du « Jardoux », du nom de l’Ingénieur géographe qui était en charge de sa rédaction par l’administration d’alors.

Le Jardoux est la première version du Répertoire des Emplois Ouvriers Maîtrise. C’est l’application d’un cadre statutaire commun à tous les métiers, de toutes les filières de l’établissement, avec définition des catégories d’embauche et des plafonds de carrière.  C’est à partir de ce moment, que les dessinateurs, restituteurs, ouvriers de la logistique, commerciaux, personnels administratifs peuvent accéder enfin, grâce à ce syndicalisme de masse,  organisé par nos militants à des carrières plus intéressantes…Le tout sur une base catégorielle calquée sur les catégories de la convention du Livre. On se souviendra qu’en ce temps là, un passage en E était le summum d’une carrière bien remplie…

1968
Avant 1968, il y aura un événement marquant, de 1967 à 1969, celui de la lutte contre la délocalisation de l’IGN à Bordeaux.  Le premier ministre Chaban-Delmas s’était mis en tête que cet établissement prestigieux ferait très bien dans sa circonscription bordelaise, son fief électoral… Et il le voulait chez lui, séance tenante ! Cette lutte avec de nombreuses manifestations répétées du personnel, uni en Intersyndicale, dans les rues de Saint-Mandé, Boulevard Saint-Germain, Place des Invalides, Place de la Concorde face à l’Assemblée nationale. La victoire que constituera la mise en échec de cette délocalisation, après la démilitarisation du SGA, sera le deuxième élément fondateur de l’IGN tel que nous le connaissons aujourd’hui.

La grève générale de 1968 donnera deux acquis principaux pour les ouvriers de l’IGN : le Jardoux d’une part et des augmentations salariales de 23 % en moyenne pour tout le corps ouvriers. L’anecdote veut que le personnel reconnaissant ait offert des montres à gousset à nos camarades Chalumeau et Juvet. Le restant de sa vie, Fernand exhibera avec toujours beaucoup de fierté le souvenir de cette lutte.

Bien que mai juin 1968 ait aussi permis d’obtenir le droit syndical dans l’entreprise, les instances paritaires de gestion du corps ouvrier ne viendront qu’en 1972 avec la création de la CPO et en 1976, avec le conseil d’enquête sous sa forme actuelle. Certes, depuis 1948, il y avait bien un conseil d’enquête mais il ne traitait que des licenciements pour faute ou pour motif économique des seuls ouvriers affiliés, les ouvriers temporaires professionnels étaient soumis, eux, à des procédures disciplinaires diligentées par le directeur général seul.

Pour mémoire aussi, les organisations syndicales avaient depuis 1966, un strapontin au conseil d’administration, issu du passage au statut d’Etablissement Public Administratif en 1966. Les élections en bonne et due forme de représentants du personnel au CA ne viendront qu’après le 10 Mai 1981.

Jusqu’en 1968, l’activité syndicale dans l’établissement étant restreinte par une hiérarchie encore très militarisée, les réunions de bureau comme les assemblées de syndiqués se déroulaient dans des salles de café dont nous formions une clientèle régulière, et en dehors des heures de travail ! En 1972, viendra la mensualisation des salaires des ouvriers de l’IGN.

En 1981, lors de l’arrivée de la gauche au pouvoir, la direction de l’établissement, très proche du Parti socialiste, instaure une forme de cogestion avec la désignation de conseillers particuliers issus des syndicats CGT, CFDT et FO de l’établissement. Notre camarade Robert Chalumeau abandonnera donc à ce moment-là,  ses responsabilités syndicales et rentrera à la DPP, la Direction de la Politique du Personnel où il exercera ces nouvelles fonctions professionnelles jusqu’à son départ en retraite en 1988.

Certes, l’exercice ne sera pas exempt de  danger pour l’indépendance de l’action syndicale, notamment après le tournant vers la rigueur de 1983 de la gauche au pouvoir, mais les nouvelles générations de militants de notre syndicat manifesteront suffisamment de volonté et d’énergie pour écarter ce danger.

Le blocage des salaires à partir de 1983 avec le plan Delors, les baisses d’effectifs, qui accompagnèrent l’épisode de la « faillite de l’IGN » de 1986 – sous prétexte de laquelle, entre autres sera crée IGN France International,  pour soit disant nous ramener du travail sur les marchés étrangers – , la levée du vent du libéralisme,  à partir de la fin des années 80,  avec son cortège de conséquences néfastes pour nos salaires,  pour les avancements,  pour les embauches,  pour la Sécurité sociale, créeront les conditions pour que les attentes de certains d’une pacification sociale, et d’un apaisement syndical,  soient balayées par les nécessités de la lutte de classes.

De cette période post-10 mai 1981, il faut retenir deux choses.
D’une part, la reconnaissance du fait syndical d’une façon inconnue jusqu’à présent. Il faut se souvenir de la façon dont certains membres réactionnaires,  de l’encadrement ne pouvaient concevoir ou reconnaître,  le rôle et la place des organisations syndicales dans la vie de l’établissement .Nous n’étions que « des rustres, des cosaques et des rouges à traiter avec fermeté ! »

D’autre part, nous avons réussi la bataille de la modernisation de l’imprimerie au moment où l’atelier historique d’impression de Grenelle arrivait en bout de course. C’est l’action de notre syndicat auprès des tutelles,

De la DATAR, au ministère de l’équipement,  et auprès des groupes parlementaires qui amènera la construction du nouveau SPI au bâtiment B du site de Saint-Mandé.

Ce déménagement en 1987-1988 fut vécu par bien des vieux camarades imprimeurs avec un certain pincement au cœur ; mais en définitif, cette construction et sa localisation ici, arrachées de haute lutte, aboutiront à ce qu’aujourd’hui encore, l’IGN imprime ses cartes avec un matériel moderne, performant et compétitif. Ce qui n’était pas forcément gagné d’avance à l’époque.

Nous faisons un saut du début des années 80 à 1999.
Même si les luttes de novembre décembre 1995,  ont été menées à l’IGN,  comme ailleurs dans la Fonction publique, ce qui marquera la fin du 20ème siècle pour nous, ce sera cet épisode de février – mars 1999 où nous avons gagné un répit de 7 ans.

Avant d’entrer dans les détails, il faut préciser que, des années 80 aux années 90,  ce sera le basculement progressif puis maintenant définitif,  dans l’ère du numérique avec le passage du support papier avec la carte imprimée en guise de produit final, à la Base de Données avec les produits dérivés déclinables à l’infini en guise d’applications.

Cette mutation technologique bousculera certes le corps ouvrier,  mais il faut tirer le bilan que cette mutation se fera avec une adaptation professionnelle remarquable de l’ensemble du corps, notamment grâce à la formation continue,  et aux capacités des jeunes générations recrutées depuis 1981.  Aussi lorsqu’à partir de 1995,1996, les tutelles et les contrôleurs financiers commencèrent à nous chercher des poux dans la tête,  en insinuant que nous étions obsolètes, dépassés, périmés, désormais superflus, notre orgueil professionnel le prit très mal.

Messieurs les décideurs, dites-vous bien une chose : ouvrier à l’IGN, ce sont des emplois de techniciens, de contremaîtres, hautement qualifiés, qui participent à la confection des outils, des productions, qui font le rayonnement de l’IGN, en France et au niveau international,  notre corps a toute sa place dans l’IGN de demain, comme il l’a eu à travers toutes ces années passées aux cotés de nos collègues fonctionnaires géomètres, ingénieurs et administratifs.

Notre place, avec notre statut auquel l’ensemble des collègues y est fortement attaché.
Et notre syndicat fera tout pour préserver ce statut et les emplois qui vont avec.

En 1999, la gauche était censée être au pouvoir et le directeur de l’époque, Jean Poulit, nous annonce en 1999 que l’inévitable s’impose vu les contraintes budgétaires : il faut prévoir 300 suppressions d’emploi sous trois ans pour assurer l’équilibre financier.

Nous décidons en Intersyndicale d’une forme d’action inédite, bien qu’expérimenté un peu vers 1996 lors de nos démêlés avec les contrôleurs financiers qui chicanaient nos avancements et nos changements d’emploi : le blocage des portes.

En effet, nous ne nous voyons pas capables d’engager une grève avec seulement une minorité certes convaincue mais réduite. Pourtant, l’émoi provoqué par les annonces du DG, M. Poulit, est considérable parmi toutes les couches du personnel, qui soutient aussitôt toutes les formes d’action choisies par l’intersyndicale.

Aussi choisissons-nous de bloquer le fonctionnement courant de l’établissement en instaurant un filtrage, de plus en plus bloquant, de la porte principale de Saint-Mandé avec un piquet renouvelé par tranches horaires. Petit à petit, les flux de marchandises, réceptions comme livraisons, du papier d’imprimerie, jusqu’au courrier courant : La thrombose s’installe !

Nous bloquons l’entrée avec des poubelles, nous faisons flamber des braseros pour réchauffer physiquement et moralement les participants au piquet. Nous sortons le barbecue et les cafetières. Nous plantons des banderoles sur la façade. Les AG du personnel, regroupant entre 200 et 400 personnes,  devant la photogrammétrie,  ponctuent les journées.

Simultanément, nous démarchons les ministères, les cabinets.  Nous marchons aussi dans la rue, en délégations massives, de plus en plus massives. A la porte du ministère de l’équipement, Boulevard Saint-germain, le ministre Gayssot sort dans la rue pour nous rencontrer. Il dit « aidez-moi »…nous lui répondons « non, c’est à vous de nous aider et de répondre à nos revendications sur les missions et sur les effectifs de l’IGN ».

Finalement au bout de quinze jours de pressions diverses, de piquet bloquant, de délégations, de manifs avec les véhicules, nous obtenons la nomination d’une commission d’enquête parlementaire présidée par Guy Lengagne.

De cette action découlera la définition du RGE et du travail qui va avec. En conséquence nous ne perdrons pas 300 emplois budgétaires en trois ans,  mais nous arriverons à limiter la casse à une centaine sur les sept ans suivants….avec un renouvellement certain des effectifs, avec des embauches de jeunes via l’ENSG.  Certes ce n’est pas une embauche pour chaque départ en retraite, mais au moins avons-nous limité la casse.  Sans l’action syndicale de masse, nous aurions à coup sur perdu des centaines d’emplois et nous n’aurions pas assuré nos mission et travaux de service public…..

De cet épisode, au fil des trimestres et des années qui suivront, il y aura le COM puis le décret de 2004,  que nous n’endosserons pas pour de nombreuses raisons, dont les insuffisances sur les emplois et les missions soumises aux contraintes de la législation européenne voulant instaurer la «concurrence libre et non faussée »,  partout et à toutes les sauces !

Mais par cette action, nous aurons obtenu un délai de sept ans pour l’achèvement du RGE et de ses composantes. Maintenant nous sommes à la fin de cette phase de notre histoire …Un nouveau chapitre est à écrire !

Çà ne sera pas le plus facile, loin de là. Cette écriture d’ailleurs a commencé…

Notre actualité, nos inquiétudes, nos actions

L’actualité de ce début d’année 2007 est, comme la plupart d’entre vous le savent déjà, marquée par la question du devenir immédiat de l’IGN. Comme un mauvais présage, le 28 décembre dernier, le 136 bis rue de Grenelle a changé de propriétaire, vendu par France Domaines à un promoteur dont nous ignorons tout de la raison sociale, mais dont on peut affirmer, sans trop de risques de se tromper, que son objectif n’est certainement pas de faire du logement social.

Le DG a, pour l’instant, reçu un désaveu de la part des tutelles qui ne veulent pas s’engager sur cinq ans, mais uniquement sur quatre ans.

Et les conditions économiques que semblent vouloir imposer les mêmes tutelles ne sont pas rassurantes : loin s’en faut ! Ici met-on la référence :
-à moins 1,5%/an  en budget
-et moins 1,8% /an en effectifs,

Ce qui représentera,  ‘’moins’’ 130 personnes sur le 4 ans à venir…

La place des ouvriers d’état dans l’IGN

La place des ouvriers d ‘état dans l’IGN est un indicateur très sur,  de ce que souhaitent les tutelles.  Si on veut un établissement public producteur de données, alors on a besoin de producteurs. Si on veut faire tout autre chose, comme un établissement de contrôle par exemple, dans ce cas, on cherche à se débarrasser au plus vite du corps qui symbolise la production à l’IGN, c’est-à-dire le corps ouvrier.

Dessinateurs cartographes, restituteurs, photographes et imprimeurs d’hier constituaient le cœur de la production cartographique. DRPI reconvertis aux données numériques, collecteurs topographiques, opérateurs numériques, imprimeurs d’aujourd’hui peuvent et doivent continuer à être ce cœur de production.

C’est pourquoi, nous nous opposons à toutes les mesures visant à faire baisser les effectifs dans notre corps, que cela soit au moyen de l’externalisation des activités de support logistique, comme pour les activités du coeur de métier.

Que cela soit au moyen du non remplacement des départs en retraite, comme au moyen de l’inique procédé de licenciement, qui ne dit pas son nom et qui met pourtant à la porte les ouvriers relevant de l’insalubrité, dont la limite d’age est opportunément abaissée à seule fin de mettre à la porte ces ouvriers.

Nous demandons immédiatement l’abrogation de l’article 2 du décret 2004-1054.

Notre statut découle du fait que nous remplissons une mission de service public. La suppression du service public va nécessairement avec la suppression de notre statut. Nous ne voyons aucune raison économique ou sociale valable pour remettre en cause l’existence des services publics, nous ne voyons aucune raison valable pour substituer le marché à ce qui a très bien fonctionné au profit de la collectivité nationale durant plus de 50 ans.

Notre statut est menacé comme le sont tous les autres statuts des agents de l’Etat.  Aussi faudra-t-il une riposte de toute la Fonction publique appuyée par l’ensemble des usagers,  pour arrêter le processus de casse de cet outil commun qu’est la Fonction publique.

Nos retraites sont dans le collimateur des politiciens libéraux, des amis du marché et de la Bourse.

Le rapport du Conseil d’Orientation des Retraites,  rendu public ces derniers jours confirme par l’absurde,  ce que nous avons dénoncé en 2003 sur la question des retraites. Finalement, malgré toutes les mesures prises, depuis 1993 pour faire baisser les retraites, il s’avérerait que les nouveaux retraités qui quittent la vie active ont encore trop de droits accumulés à des pensions, qui restent à un niveau trop élevé pour les amis du CAC40.

On ne voit que deux solutions pour ces messieurs : soit piquer les salariés comme on le fait pour les animaux domestiques encombrants, soit trouver un nouveau moyen de faire les poches des retraités et des futurs retraités !

La première mesure, selon nous, pour améliorer les régimes de retraite consiste à recommencer l’embauche sous statut pour les ouvriers d’Etat,  comme pour les fonctionnaires.

La deuxième mesure consiste en une hausse générale des salaires, pour revenir au moins à la part que l’ensemble des salariés détenait dans la répartition des richesses en 1975.

La troisième mesure consiste : à taxer les capitaux au niveau nécessaire à l’équilibre des caisses sociales, à la satisfaction des besoins de ceux qui travaillent.

La moralité du chapitre de l’histoire sociale,  de 1993 à aujourd’hui,  que synthétise le récent rapport du COR,  c’est bien qu’il ne sert à rien d’accepter des sacrifices, d’accepter des reculs sociaux,  car au final cela n’a jamais bénéficié aux salariés et aux assurés sociaux. Et en plus, les patrons et leurs politiciens reviennent à la charge pour demander de nous serrer encore et encore la ceinture !

L’enjeu des prochaines semaines, des prochains mois sera celui de la signature d’un COM qui garantisse sur la durée les missions de l’établissement et les effectifs,  qui vont avec pour assurer nous même la production.
Les besoins existent :
•    la BD Ortho à 20 cm
•    une cartographie nationale numérisée des zones à risques naturels
•    la BD en 3 D
•    La mise à jour, l’entretien du RGE
•    et bien d’autres produits dérivés de nos BD

Rien n’est acquis,  et si nous laissons faire, le pire peut « devenir possible »,   comme le chantonne un candidat présidentiel,  que nous ne nommerons pas mais dont nous savons que son karcher est braqué contre les acquis sociaux des salariés !,  malgré des références dimanche dernier à Jaurès, Blum dont il ne doit connaître que les noms… Alors pour que « le pire ne devienne possible », il faut un syndicat fort et mobilisé.

Notre avenir syndical

Malgré les vicissitudes imposées par l’histoire de ces 70 dernières années, notre syndicat a surmonté bien des obstacles.  Dans les années 60’et 70’, nous avons eu du mal à saisir la nouvelle place des femmes dans le salariat, à faire toute leur place aux jeunes. Nous l’avons payé cher.

Maintenant cette page est tournée, le syndicat est un outil de défense pour tous les travailleurs.
Et c’est bien parce que cette idée nous est commune, que nous avons pu récupérer le terrain perdu, lorsque les désillusions et les reculs correspondant au tournant libéral des années 80’ ont fragilisé le mouvement syndical.

Notre syndicat n’est plus limité dans son implantation, à ses berceaux historiques qu’étaient l’Imprimerie et la Logistique, nous tendons à élargir davantage notre rayonnement et nos implantations, notamment à Villefranche, à Creil, à Toulouse, à Lyon.  Nous saluons aujourd’hui la présence de nombreux camarades de province.

Certes il reste encore beaucoup à faire, mais cela viendra.

A ce stade de mon discours, je voudrai avoir une pensée émue pour nos camarades trop tôt disparus, frappés en pleine force de l’age par la maladie, qui faisaient partie de nos instances,  de notre génération et avec qui nous avons partagé moult combats : Bernard Fey, Jean Trouvé, Georges Le Guyader, Jean Paul Lourme, Jacques Gardère, Georges Lepoutre, Michel Cavé.  Qu’ils soient honorés présentement dans le travail qu’ils ont accompli.

Notre syndicat tient son AG statutaire annuelle, qui élit la Commission Exécutive. Cette CE se réunit de façon plénière, au moins 10 fois par an,  et en dehors de ces séances, nous tenons autant de réunions de bureau que nécessaires.

Cette vie du syndicat, de sa CE, crée un espace démocratique où les décisions sont prises, avec le souci de rendre la délibération la plus collective possible.

Les opinions sont variées, on est loin de marcher au pas dans le domaine des idées,  et nous sommes même capables de nous engueuler fraternellement ! De tous temps, notre syndicat a englobé des militants de tradition syndicaliste pure, socialiste, communiste, franc-maçon.  Aujourd’hui, c’est encore le cas avec l’élargissement de la palette aux militants de sensibilités alter mondialistes ou  d’extrême gauche. Cette diversité d’opinion ou de référence philosophique ou politique ne nous a jamais empêché de réagir et d’agir en tant qu’organisation syndicale de défense des salariés. Bien au contraire, c’est une grande richesse que cette diversité d’idée, d’opinion de toutes sortes.

Notre défi, c’est de conserver ce que nos anciens nous ont légué. Ce défi, c’est de préserver des centaines d’emplois qualifiés, dotés de garanties statutaires minimales.

Notre ambition, c’est de relever ce défi en renforçant l’outil syndical sans lequel rien de ce qui a été légué aux générations présentes n’aurait été  possible.

Et pour arriver à cette fin, il faut créer un rapport de forces en faveur des salariés, donc rassembler plus de syndiqués, former et faire émerger plus de militants.

Ceux qui professent qu’un syndicalisme sans syndiqués, sans militants, sans actions revendicatives, sans rapports de forces construits,  à travers les mille et une facettes de l’action syndicale quotidienne, peut faire gagner les travailleurs, ceux-là sont des imposteurs.

La réalité quotidienne comme l’histoire sociale démontrent tout le contraire : seul le syndicalisme de classe et de masse,  rassemblant toujours plus de salariés dans l’action revendicative et dans l’organisation syndicale, peut nous permettre de relever le défi du progrès social pour tous.

Depuis quelques trimestres,  de nouvelles têtes sont apparues.  Avec les luttes de 2003, celles de 2005 enfin celles de 2006, victorieuses contre le CPE, nous voyons la relève arriver.

Ce renouveau de jeunes militants s’accompagne d’une relance de la formation des adhérents et des délégués. Nous ne sommes qu’au début de ce processus de transmission du flambeau syndical.

Mais nous irons jusqu’au bout de cette tache car, sans son accomplissement, c’est la régression sociale qui menace les agents du corps ouvrier de l’IGN. Et ce n’est pas pour cela que nos anciens de 1936 ont créé le syndicat CGT OM de l’IGN !

J’arrive à la fin de mon intervention, merci à vous tous d’être présents,  pour fêter cet événement,  merci à tous nos camarades syndiqués et à nos militants et retraités,  qui ont fait, et qui font chaque jour l’histoire sociale de l’établissement, merci à nos camarades de l’intersyndicale IGN,  avec qui nous travaillons depuis des années pour défendre l’essentiel.

Merci chers collègues pour le soutien exprimée à l’action syndicale, tant au moment des élections que des actions et aux luttes. Nous saluons aussi les représentants de la direction générale qui honorent de leur présence notre organisation.

Nous remercions les camarades représentant la Fédération Nationale des  Travailleurs de l’état, plus particulièrement à notre secrétaire général Jean-Louis Naudet,  l’Union Départementale du Val de marne représentée par Michel Bouvat, l’Union Locale St Mandé-Vincennes avec Christian Pallatier, d’avoir répondu à notre invitation pour cet anniversaire.

Merci Bernard  d’être présent,  malgré tes lourdes charges et responsabilités…
C’est une fierté, un grand honneur,  de t’avoir parmi nous aujourd’hui, pour cette date importante pour la CGT IGN. A travers ta présence ici aujourd’hui, c’est le salut chaleureux, de centaines de milliers de syndiqués CGT que nous ressentons, c’est le salut fraternel de milliers et de milliers de syndicats CGT  qui font chaque jour l’actualité et l’histoire sociale du pays.

Merci de votre attention.

Vive la CGT !

 

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